Port-Royal fut-il le centre d'une cabale janséniste ? ou le point de ralliement de parlementaires déçus par l'émergence d'un État centralisé ? Depuis les polémiques jésuites des années 1650 jusqu'à l'interprétation post-marxiste de Lucien Goldman en 1959, le rôle du monastère dans l'histoire française a été débattu avec une grande ardeur idéologique, mais peu d'attention au fait historique.
Ce livre considère le monastère de la perspective de l'historien sociologue et cherche les réponses à ces questions dans les archives des notaires. Une enquête détaillée sur le recrutement du monastère montre son étonnante croissance à l'époque précisément de la première association avec le jansénisme. Les nouvelles religieuses venaient d'un groupe social de plus en plus puissant — pas nécessairement les groupes que décrit Goldman — et leurs familles et amis formaient un réseau très serré autour du couvent qui lui-même constituait une source effective d'influence. La « société de Port-Royal » ainsi formée était liée par des relations familiales, des affinités intellectuelles, et une interdépendance financière non moins importante. Considéré d'un point de vue séculier et social, Port-Royal se présente comme bien plus qu'un simple couvent soutenant un idéal religieux. C'était le centre d'un groupe social spécial que ce livre décrit de façon précise à partir de la liste de toutes les religieuses du couvent et poursuit à travers le milieu, les relations et les interconnections de leurs familles et amis, directeurs, confesseurs, défenseurs et idéologues.