L'Origine de l'art baroque à Rome est la publication posthume (1907) des notes d'un cours professé par Aloïs Riegl à l'université de Vienne en 1898-1899. Le grand historien d'art autrichien, qui avait consacré ses cours de 1897 à 1899 à la Grammaire historique des arts plastiques et venait de publier en 1901 son Industrie artistique du Bas Empire, apparaît donc ici dans la pleine maturité de sa pensée. Ayant présent à l'esprit l'essai de Wölfflin, Renaissance et Baroque (1888), qui aborde le même problème, Riegl propose une interprétation plus dynamique de l'histoire des formes, fondée sur la notion pour lui fondamentale de Kunstwollen (ou « vouloir artistique »).
Procédant par opposition de polarités à la fois théoriques et historiques, Riegl associe aux catégories formelles des catégories psychologiques qui leur sont indissociablement liées comme les deux aspects d'une même attitude fondamentale. Dans cette optique, l'essor du baroque apparaît comme le développement dans le Kunstwollen italien de valeurs plus spécifiquement caractéristiques du Kunstwollen du Nord. Le jeu des caractérisations par oppositions, où la conscience du Nord est toujours présente dans l'analyse du Sud, comme celle du présent dans le regard sur le passé, n'est pas le moindre attrait de cette étude pénétrante, riche en analyses exemplaires du maître viennois.