La parodie prend place à la croisée du comique et de l'imitation. Cette double détermination est à l'origine d'une longue infortune auprès des commentateurs.
Aucun des avantages reconnus à un genre autonome : elle passe pour vivre aux dépens de ses modèles. Le domaine de sa production parasite, c'est une ligne de contre-discours, c'est l'écriture réactive dont la critique a souligné la rhétorique assez fruste (une mécanique du retournement) et l'idéologie passablement compromise avec la Loi (la vision carnavalesque). Subversion complice ou ricanement sacrilège, la parodie, au regard de la tradition, fait mauvais genre.
Des travaux récents ont réévalué son statut. Mais, curieusement, le renouveau théorique a confirmé l'ancien discrédit. « À côté » du jeu intertextuel, la parodie est perçue comme une pratique datée, soumise à une hiérarchie autoritaire des œuvres et du sens. Symptôme malheureux d'une modernité qui la périme aussitôt ? Ce malheur, et les conflits qu'il permet de lire, valaient d'être examinés. Le présent numéro ne saurait se substituer à l'histoire des imitations entre discours (ou mimésis textuelles) qui reste à entreprendre. Mais telle quelle, avec ses pesées rhétoriques et sa contestation contestée, la parodie (littéraire, musicale, picturale...) n'est plus absente des débats d'aujourd'hui sur l'écriture et le texte.