Philosophe, poète, fondateur avec son frère Friedrich de la revue du premier romantisme allemand l'Athenaeum, traducteur (Dante, Shakespeare, Cervantès, Calderón) et orientaliste – il publie la
Bhagavad-gita et le Ramayana –, August Wilhelm Schlegel entreprend, à partir de 1801, à Berlin, une série de « leçons », publiques et payantes, sur l'art et la littérature. À Schleiermacher, il présente ainsi les futures séances : « Ces conférences, dans lesquelles je veux être tout à fait raisonnable et modéré, doivent être pour moi le moyen de me divertir en bavardant follement et immodérément avec mes
amis. »
Cette apparente désinvolture cache toutefois des préoccupations profondes qui s'inscrivent dans la réflexion post-kantienne et post-Aufklärung des premiers romantiques allemands sur le sens même de la
création artistique, sur la nécessité absolue de l'art et, notamment, sur l'exigence de la poésie, le premier et le plus haut de tous les arts.
Les dernières conférences ont lieu en 1804. En cette année bien particulière – mort d'Emmanuel Kant, si sévèrement critiqué de son vivant par August Wilhelm lui-même, dissolution du Cercle d'Iéna et de l'Athenaeum et, surtout, rencontre déterminante avec Madame de Staël –, Schlegel traite de la littérature romantique, c'est-à-dire d'un art, d'un esprit et d'une époque dont Georg Wilhelm Friedrich Hegel s'apprête déjà à prédire le déclin.
Marc Jimenez