Critique humaniste égaré dans la tourmente romantique, Désiré Nisard(1806-1888) a pâti d'une réception désastreuse dans la mesure où, parce qu'il n'allait pas dans le sens de l'histoire, il est devenu une sorte d'archétype du critique réactionnaire, borné et partial.
Nisard mérite pourtant mieux que sa réputation. Son nom se trouve de fait indissociablement lié aux polémiques entre partisans du romantisme et nostalgiques du grand Siècle.
Deux textes affirment son opposition à la littérature de son temps, « D'un commencement de réaction contre la littérature facile », où il attaque la dévalorisation du littéraire, et les Études de mœurs et de critique sur les poètes latins de la décadence, dans lequel il vise la modernité romantique. Inquiété par l'émergence des littératures individuelles, il craint que la littérature ne perde sa vocation à l'universel et son autorité spirituelle. Son admiration pour le XVIIe siècle l'entraîne vers une conception théorique et idéaliste de la littérature, sensible dans l'Histoire de la littérature française où se lit la fidélité enthousiaste aux critères du beau et du goût, ainsi que la foi en un génie particulier de la langue française.
Critique sévère et passionné, Nisard constitue une étape indispensable dans la genèse de notre histoire littéraire.
Ce livre espère engager à redécouvrir une œuvre symptomatique des contradictions d'une période où se redéfinissent les rapports entre littérature et société.