« L'histoire du Bauhaus nous apprend pour l'essentiel que l'architecture et les objets utilitaires aussi bien qu'artistiques que celle-ci contient, étaient au centre des préoccupations de cette "usine à idées". Mais il semble qu'autour du "Bau" ne s'investissait que la moitié du potentiel inventif de cette communauté pas comme les autres. L'autre moitié se dépensait en fêtes, dont le point culminant fut le théâtre, et dans la mise en commun d'idées, de travaux et de loisirs […]. J'étais, comme Fabrice del Dongo, au milieu de la bataille, et, comme lui, j'ai compris seulement beaucoup plus tard que c'en était une. »
Étudiant au Bauhaus de Dessau à la fin des années 1920, le jeune Albert Mentzel (il y entre à dix-huit ans), qui prendra plus tard le nom de Flocon, est l'acteur et le témoin privilégié des expérimentations théâtrales des grands maîtres de l'école. Ce sont trois années (1927-1930) d'intrigues à la tête du mouvement, de fêtes, mais surtout de réflexions scénographiques en vue de créer un théâtre nouveau – tout particulièrement celles d'Oskar Schlemmer (1888-1943) – qu'Albert Flocon s'attache à faire revivre dans ces trente brefs tableaux au style alerte, agrémentés de reproductions de linogravures.