Pourquoi se souvenir de Claude-Nicolas Fabbri de Peiresc (1580-1637) ? Il n'a pas laissé d'oeuvre à proprement parler et son renom d'antiquaire, sa fidélité à la Provence et son catholicisme ne lui valurent pas l'estime des hommes des Lumières, ses successeurs. De lui ne nous restent qu'une correspondance démesurée et une renommée qui fut immense en Europe, dans ce qu'on appelait alors la République des Lettres. Pourtant, apprendre qui fut Peiresc, c'est découvrir le plus grand humaniste français, c'est observer sur le vif la construction, entre Renaissance et Modernité, d'un espace européen des idées, du savoir et des arts.
Au coeur de l'Europe savante, Peiresc s'intéresse au Nord comme au Sud, à la topographie de la lune autant qu'aux camées et aux pierres, aux langues orientales comme au breton, aux traces présumées de géants comme à l'apprivoisement des chats persans ou à l'observation des caméléons. Astronome réputé, mais aussi archéologue, égyptologue, botaniste, zoologue, ami de Galilée et de Rubens, il correspondit depuis Aix-en-Provence avec toute l'Europe, conseilla le roi de France et le pape, reçut, discuta et diffusa les théories, les connaissances et les arts, et défendit l'idée qu'aucun savoir, qu'il concerne la nature ou l'histoire, n'était inutile ou superflu.
Première biographie contemporaine d'un prince européen du savoir, le grand livre de Peter N. Miller est indispensable à qui veut découvrir la culture scientifique et historique de la France du XVIIe siècle.