Les Grecs anciens ne sont pas nos ancêtres. Ils sont devenus nos pères quand, au Moyen-Âge, il a fallu rendre compatibles la Bible et Aristote. Les Romains ont fait notre langue, mais avaient décidé que leur culture serait grecque. Que faire aujourd'hui de ces lointains parents d'adoption ?
La question est d'actualité avec la réforme des collèges, qui repose sur une idée simplificatrice de la culture : se contenter de la présentation rapide de contenus. Or l'enseignement des grands textes antiques et de leurs langues à l'école est un étonnant outil d'émancipation et de démocratisation. Langues muettes, langues égalitaires qui n'appartiennent à personne, le latin et le grec ouvrent à une expérience personnelle et créative du langage et de l'histoire.
Les mots anciens que nous reprenons tous les jours, « démocratie », « empire », « dieu », « technique », ne sont pas seulement des vocables. Ils se sont imposés dans l'Antiquité parce que leur sens, leur valeur ont été argumentés, disputés dans des textes. Aller voir du côté de l'antique, c'est reprendre ces arguments, ces chemins de langage et c'est passionnant. Lire est une école de liberté.