Mai 68 n’aura-t-il été qu’un psychodrame bavard, selon la formule cruelle et lapidaire de Raymond Aron ?
Dans La Révolution introuvable, l’observateur perspicace de l’actualité politique montre que par-delà le brouhaha des apparences, les risques étaient faibles que Mai 68 ne constitue un danger sérieux pour les institutions de la Ve République. Les deux grandes forces qui structuraient alors la vie politique française, le Parti communiste et le mouvement gaulliste, n’y avaient aucun intérêt.
Comme l’analyse Philippe Raynaud dans sa préface inédite, Raymond Aron, en héritier de la grande tradition sociologique, fut également attentif à la crise essentielle de nos sociétés modernes dont Mai 68 fut un des premiers symptômes : la tension contradictoire entre la passion de l’égalité, la demande de reconnaissance des individus, et l’interdépendance croissante de chacun à l’égard de tous.