Depuis le début des années 2000, nombres d’ouvrages, d’articles ou de numéros de revues se sont proposés d’ériger « la pornographie » en objet d’étude proprement théorique, et de l’appréhender, au sens large, comme un « fait anthropologique ». La pornographie a ainsi été érigée en objet/sujet du discours des sciences humaines et sociales, et située au croisement d’une série d’évolutions indissociablement sociales, économiques et technologiques. Ceci explique et justifie qu'elle ait été élevée au rang de paradigme– ce dont témoigne de manière exemplaire l’émergence des Porn studies et leur large diffusion dans le champ académique. C'est à l'exploration de ce paradigme que cet ouvrage est consacré, en s'attachant, d'une part, à la question du rapport entre les « phénomènes érotiques » et les « objets pornographiques », et, d'autre part, au problème que constitue le lien intrinsèque entre une industrie pornographique qu’on prétend ou espère à termes émancipatrice pour les sujets désirants, et le néo-capitalisme dont l’hégémonie économique et culturelle tient précisément à sa manière d’investir et de maîtriser le désir.