La pensée d’Edgar Morin est inclassable. Ni science ni philosophie, enjambant la science et la philosophie, les sciences humaines et les sciences naturelles, sa pensée échappe aux classements disciplinaires et aux modes de connaissance compartimentée. Edgar Morin a abordé des disciplines aussi différentes que la biologie, la sociologie, l’anthropologie, la philosophie et l’épistémologie des sciences.
Comment résumer une œuvre qui couvre plus de soixante années de vie intellectuelle ? Comment en dégager un esprit général qui ne soit pas une réduction caricaturale ?
En passant par La Méthode dont la publication s’est étalée sur presque trente ans (1977-2004). Déjà en gestation dans les premiers travaux d’Edgar Morin (L’Homme et la Mort, Le Vif du sujet, Le Paradigme perdu), La Méthode est le creuset d’où sont sorties de nombreuses ramifications, sociologiques, politiques, éducatives (Terre-Patrie, La Voie, Les Sept savoirs nécessaires à l’éducation du futur), ramifications distinctes mais inséparables de la source qui les a fait naître.
Ancien résistant et témoin privilégié de notre époque, Edgar Morin a traversé le XXe siècle en acteur de l’histoire. Il est l’auteur d’une œuvre transdisciplinaire, abondamment commentée et traduite dans plusieurs langues, qui nous oblige à rompre avec la disjonction et la compartimentation des savoirs. Elle a pour dénominateur commun la recherche d’une connaissance non mutilée et le souci d’une pensée capable d’affronter la complexité du réel.