Comment , sous le nom de " précocité intellectuelle ", les élèves dits "surdoués" sont-ils devenus une question éducative officielle dans l'espace public français ? Qui sont, que veulent et que font les parents qui ont recours à un psychologue pour attester la grande intelligence de leur(s) enfant(s) ? Une enquête sociologique novatrice et passionnante.
Ce livre s'attache à dissiper le halo de mystère qui entoure la figure de l'enfant " surdoué ". D'où vient-elle ? Comment est-elle devenue, en France, sous le nom de " précocité intellectuelle ", une question éducative sérieuse et officielle ? Dans quelle mesure les psychologues reconnaissent-ils cette notion ? Et surtout : qui sont, qu'attendent et que font les parents qui ont aujourd'hui recours au quotient intellectuel (QI) pour attester la grande intelligence de leur(s) enfant(s) ?
À partir d'une enquête menée notamment auprès de parents, de psychologues et de militants associatifs, ce livre relie l'affirmation de cette petite noblesse de l'intelligence que constituent les enfants surdoués à un double contexte : le développement de pratiques psychologiques privées et l'augmentation de la concurrence au sein de l'école massifiée.
De façon exemplaire, le cas des surdoués montre comment la psychologie clinique peut fonctionner comme une source légitime de singularisation des enfants dans les secteurs les plus indifférenciés de l'école (de la maternelle au début du collège). Cette singularisation a certes une fonction de réassurance pour des familles qui, bien que plutôt avantagées socialement, sont sujettes à de vives incertitudes éducatives. Mais on ne saurait ignorer les conséquences concrètes qu'a aussi l'anoblissement psychologique : l'institution scolaire se voit pressée d'accorder aux intelligences qui la dépassent les petits privilèges qui leurs sont dus.