Véritable événement éditorial, la parution de La domination de Max Weber, le dernier de ses grands textes encore inédit en français, était attendue depuis quarante ans. Le sociologue allemand élabore dans ce livre une réflexion sur les composantes du pouvoir à l'époque moderne. C'est dans La domination qu'il développe sa fameuse distinction de trois grands modes d'exercice du pouvoir et de l'autorité : domination traditionnelle, domination bureaucratique et domination charismatique.
Près d'un siècle après sa publication en allemand, La Domination est enfin disponible en traduction française, sur la base de l'édition critique de référence. Il s'agit d'une pièce fondamentale de la sociologie politique de Max Weber.
Ces manuscrits, rédigés avant la Première Guerre mondiale, sont fascinants par leur érudition et leur inventivité conceptuelle. C'est en les rédigeant que Weber forge des notions qui restent aujourd'hui encore des références incontournables pour toute sociologie politique : les trois modes de domination légitime, le passage de la domination des notables à la domination des partis de masse, l'opposition groupe de statut (Stand)/classe (Klasse), le patrimonialisme, la hiérocratie, la domination charismatique et le charisme de fonction n'en sont que les exemples les plus célèbres.
Weber se lance dans une sociologie historique comparative qui préfigure l'histoire globale. Brossant un tableau impressionnant par son ampleur de vue, l'auteur construit les idéaux-types des différents régimes de domination pour mettre le monde occidental moderne en perspective : les dominations bureaucratique, patrimoniale, féodale et charismatique sont ainsi passées en revue. Il étudie aussi les relations entre domination spirituelle et domination temporelle.
Cette sociologie historique place le projecteur " par en haut ", adoptant le point de vue des dominants et de leur appareil de domination. Elle jette une lumière sans fard sur la réalité des rapports sociaux et pose en retour une série de défis : comment penser l'action des dominés ? Comment articuler le rôle de savant et celui de politique ? Comment bâtir des idéaux-types de la politique qui dépassent radicalement l'eurocentrisme ?