Notre monde d'hypersurveillance n'a plus rien à voir avec Big Brother. Les contrôles désormais sont invisibles et mobiles, de plus en plus tributaires de la participation involontaire des individus.
Ce livre vise à cerner l'origine, les contours et la dynamique de cette surveillance post-orwellienne. À partir de la rupture fondamentale introduite au XIXe siècle par le libéralisme et la reconnaissance des droits de l'homme, il retrace l'évolution fluctuante du couple libertés/contrôles.
La révélation de l'accès aux communications des internautes par l'Agence nationale de sécurité américaine (NSA), en juin 2013, est venue rappeler l'ampleur du fichage et du traçage numériques. Le monde d'hypersurveillance dans lequel nous vivons n'a plus rien à voir avec le Big Brother totalitaire d'Orwell. Loin d'un modèle disciplinaire, les contrôles, exercés par une diversité d'acteurs publics et privés, y sont invisibles et mobiles, de plus en plus tributaires de la participation involontaire des individus et souvent à des fins d'anticipation de leurs comportements.
Ce livre vise à cerner l'origine, les contours et la dynamique de cette surveillance postorwellienne. À partir de la rupture fondamentale introduite au XIXe siècle par le libéralisme et les droits de l'homme, il retrace l'évolution fluctuante du couple libertés/contrôles. Au gré des crises économiques, sociales et morales, les progrès politiques et civiques ont été accompagnés par de nouveaux agencements des outils d'observation et de profilage, qui, après avoir visé des catégories particulières (vagabonds, ouvriers, migrants), ont bientôt concerné l'ensemble de la population. À cet égard, l'informatique, malgré la volonté proclamée des États d'en limiter les usages liberticides, opère une véritable révolution du contrôle. Cette mutation, qui se poursuit aujourd'hui avec l'appropriation des technologies numériques par des monopoles privés à l'échelle mondiale, va à contresens du projet de libération annoncé voilà plus de deux siècles.