S'interroger sur l'identité d'écrivain, c'est comprendre à quelles conditions un sujet peut dire : " Je suis écrivain ". À travers les thèmes de la subsistance matérielle et de l'engagement dans l'écriture, de la solitude et des liens avec autrui, de l'inspiration et de la publication, des modèles de vie et de la présentation de soi, ce livre tente de dégager la spécificité de l'écriture, et de la création en général, par rapport à d'autres types d'activités susceptibles de définir une identité. Il repose sur une trentaine d'entretiens avec des romanciers, des poètes, des auteurs de théâtre, que complètent des autobiographies, des journaux intimes, des correspondances. Dans la tradition d'une " sociologie compréhensive ", l'auteur reconstitue l'espace des possibles imparti aux écrivains et en dégage les " idéal-types ", ainsi que leurs critiques par les acteurs et leur mise en perspective par les historiens. On découvre alors que loin d'être homogène, l'identité d'écrivain comporte des dimensions multiples, voire contradictoires, tout en possédant sa propre cohérence. Nathalie Heinich prolonge ici ses précédents travaux, faisant de l'art un moyen privilégié d'explorer des problématiques générales - la reconnaissance et l'admiration, la transgression et l'interdépendance, l'identité et la profession - à travers lesquelles se dévoile peu à peu une sociologie de la singularité.