Le renseignement peut-il encore ne pas communiquer ? Autrement dit, peut-il d'une part continuer à s'abstraire de l'environnement social dans laquelle il s'inscrit au risque de se couper de la réalité, et d'autre part, se faire entendre de manière intelligible dans le bruit que génère un monde global interconnecté ?
De la surveillance planétaire exercée par l'hyperpuissance étasunienne au renseignement dans la sphère privée, en passant par les nouvelles fonctions développées au sein des entreprises (intelligence économique, Datamining, Cyber Forensics), le renseignement n'est plus seulement un métier de seigneurs, une aristocratie d'Etat. Désormais, c'est toute la société qui est prise dans un système où un nombre croissant d'acteurs deviennent (parfois de manière concomitante) producteurs et consommateurs de renseignement. Les technologies de l'information sont aujourd'hui accessibles au plus grand nombre, rendant même certains acteurs privés plus performants que beaucoup d'agences de renseignement.
Face à cette révolution sociétale, les services de renseignement peuvent-ils encore espérer conserver le monopole de l'information d'Etat ? Les services de renseignement peuvent-ils encore se couper de la réalité info-communicationnelle du monde d'aujourd'hui ?