La prison est une peine géographique : elle punit par l'espace. Elle tient des populations détenues à distance de leurs proches et les confine dans des lieux clos. En même temps,
le dispositif carcéral cherche à réinsérer le détenu dans la cité, à maintenir ses liens familiaux.
La prison est une peine géographique : elle punit par l'espace. Elle tient des populations détenues à distance de leurs proches et les confine dans des lieux clos. En même temps,
le dispositif carcéral cherche à réinsérer le détenu dans la cité, à maintenir ses liens familiaux.
En dépit de proximités avérées entre la plupart des prisons et les bassins de population, les détenus et leurs proches vivent l'incarcération comme une mise à l'écart. Les riverains souhaitent
souvent éloigner les nuisances des prisons, voire cacher le stigmate carcéral. L'architecture même des prisons accentue cette obsession séparatrice : démarquer le dedans du dehors et séparer les détenus entre eux.
La prison des détenus et celle des architectes, celle des proches et celle de l'Administration pénitentiaire, celle des riverains et celle des élus locaux, composent un dispositif de séparation :
la prison coupe les liens sociaux et empêche les détenus de partager un monde commun entre les murs.
L'enquête menée par Olivier Milhaud, dans les murs et hors les murs, souligne l'inefficacité d'un tel système, et invite à repenser l'espace de la prison.
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Olivier Milhaud est maître de conférences en géographie (Université Paris-Sorbonne). Il a reçu le Prix Gabriel Tarde de Criminologie.