Pour quelles raisons notre prénom dit-il autant de choses sur nous-même et sur les personnes qui nous l'ont donné ? Comment est-il choisi et utilisé ? Comment l'empire de la mode a-t-il remplacé l'emprise de la parenté ? Pourquoi les Kenza de maintenant seront-elles, demain, les Mauricette d'aujourd'hui ?
En deux siècles, le prénom est devenu un support personnel d'identité : le prénom de l'état civil est de plus en plus perçu comme exprimant le moi profond. En même temps, la ronde des prénoms obéit à la mode. Certains prénoms sont propres à une époque ou à une classe sociale : Apolline et Hippolyte n'ont pas les mêmes parents que Cynthia et Sofiane. À l'échelle d'une société, les prénoms permettent d'étudier l'affaiblissement des identités religieuses, la dilution de caractéristiques liées à la migration ou certaines formes de ségrégation. À l'échelle de petits groupes, leurs usages quotidiens permettent de saisir la répartition du pouvoir dans la famille ou dans le monde du travail.