" Il est prouvé que... ", " du point de vue scientifique... ", " objectivement, les faits montrent que "... Combien de fois de telles expressions ne scandent-elles pas le discours de ceux qui nous gouvernent ? Car depuis que nos sociétés se veulent démocratiques, le seul argument d'autorité quant à ce qui est possible et ce qui ne l'est pas provient de la science. C'est cette fausse évidence, cette étrange identification des pouvoirs et des sciences qu'Isabelle Stengers conteste ici de manière radicale. Elle s'intéresse à l'image que la science donne d'elle-même : celle d'un savoir neutre et " objectif ", chargé de dissiper les préjugés en dévoilant la vérité. En analysant la manière dont les sciences et les pouvoirs répondent à certaines questions –; qu'est ce qu'une drogue ? Qu'est-ce qu'un microbe ? Comment guérit-on ? –;, elle montre que cette image correspond plus à une légende dorée qu'à la réalité de la science " telle qu'elle se fait ". Et que loin de s'opposer, science et démocratie sont liées de manière cruciale. Car la rationalité s'est toujours construite en contestant les rapports d'autorité et les modes de légitimation dominants. Pour Isabelle Stengers, l'impuissance actuelle des citoyens face aux mutations imposées par le formidable pouvoir de la technoscience n'est pas une fatalité : une autre vision de la science –; à laquelle ce livre entend contribuer –; peut permettre de concilier rationalité et démocratie.