En vingt ans, les réseaux sociaux ont imposé leurs modes d’accès à l’information et changé la nature du débat public.
Conçus au service de la publicité comportementale, leurs algorithmes enferment les individus dans des mondes étanches qui interdisent la confrontation des opinions contradictoires et renforcent les préjugés : la désinformation devient la règle, les discours de haine prospèrent et la polarisation politique s’accentue. Le Business de la haine montre que, plus encore que la haine ordinaire, c’est le mode de fonctionnement et le modèle économique des réseaux sociaux qui menacent la démocratie. Ce qui est désormais en péril, c’est la possibilité pour les citoyens de s’accorder sur les faits qui fondent leurs désaccords, et surtout de les résoudre selon un processus démocratique.
Jean-Louis Missika et Henri Verdier racontent cette crise et l’inscrivent dans la perspective de l’histoire des médias et de leur régulation depuis le XIXe siècle jusqu’à l’attaque du Capitole, le 6 janvier 2021. Ils proposent de construire l’espace public de la délibération démocratique comme un bien commun qu’aucun opérateur privé ou étatique ne pourra s’approprier. Ils tracent les lignes d’une authentique régulation et en appellent au courage politique pour imposer aux plateformes ce nécessaire contrôle démocratique.