À l'heure où les débats entre créationnistes et évolutionnistes continuent de faire rage, voici une restitution claire, vivante et critique des théories et des recherches anthropologiques de Buffon à nos jours. Sur ces questions, le livre de Lemire et Picq est devenu un classique.
Il y a maintenant plus d'un siècle, en 1857, la révolution darwinienne, deuxième grave blessure infligée à l'amour propre de l'humanité après la révolution copernicienne, a révélé l'appartenance de l'homme au monde animal. Scandale ! Car c'est là l'a priori hérité de notre culture judéo-chrétienne et ancré, aujourd'hui encore, jusque dans l'esprit de certains anthropologues : l'homme n'accepte de se rattacher à l'animalité que dans la mesure où il constitue la fin de l'évolution qui a transformé les espèces. Il serait ainsi le résultat unique et définitif d'un processus d'hominisation : au singe à quatre pattes aurait succédé une longue procession d'espèces qui se seraient redressées progressivement, et ce sans qu'aucune tête ne dépasse jamais celle du représentant de la plus récente de ces espèces, l'homme moderne. C'est ce que nous exprimons quand nous déclarons : " L'homme descend du singe. "
Or une telle affirmation est une erreur, explique Pascal Picq : " On ne peut pas descendre de soi-même. L'homme fait partie des singes au même titre que les chimpanzés, les babouins et autres macaques. " Non qu'il faille remettre en cause la théorie de l'évolution, elle reste une théorie fructueuse pour comprendre le monde animal, mais il faut comprendre la place de l'homme dans l'évolution. Nous ne sommes pas le résultat parfait de l'évolution, nous ne " descendons " pas du singe, nous sommes ses cousins.
En retraçant les grandes étapes de la découverte des origines de l'homme, Pascal Picq montre comment a persisté et persiste encore l'idée préconçue que l'homme se situerait en haut de l'échelle des êtres, qu'il y aurait comme un saut qualitatif de la nature entre les singes et lui. Les recherches de Pascal Picq, une nouvelle fois, nous décentrent.