L'histoire du duel projette une lueur d'aube violente et passionnée, sur l'histoire des peuples. Pourquoi ce rite si controversé n'est-il ignoré d'aucune nation, des plus barbares aux plus civilisées ? Qu'on le déplore ou qu'on s'en félicite, c'est un fait : on s'est battu en duel de tout temps et partout dans le monde. Le duel est un invariant du litige et de la querelle.
Aujourd'hui encore cette coutume un peu oubliée fascine même si, pour beaucoup, l'honneur et la bravoure ne sont plus que des mots poussiéreux hérités d'un autre siècle. Le duel demeure synonyme de délit et de prouesse. On lave une offense et, au lieu de recourir à une justice abstraite, on risque sa vie. On ne défie pas seulement un adversaire, on brave l'Église et l'État. On affronte seul sa destinée.
Justifiable de la peine de mort, depuis Saint Louis, le duel n'a pourtant cessé d'être pratiqué, en toute impunité, jusqu'à la IIIe République. Ainsi, à l'époque d'Henri IV, cause-t-il dans le royaume plus de victimes que les guerres de religions ; sous les règnes de Louis XIII et Louis XIV, ces rendez-vous de cape et d'épée font des ravages qui ont enflammé l'imagination des romanciers.
Ce n'est plus un passe-temps réservé aux émules de la chevalerie, c'est une véritable mode qui s'empare du royaume et qui n'épargne ni les femmes ni les ecclésiastiques.
L'histoire du duel s'illustre de noms célèbres dont les exploits ont défrayé la chronique de leur temps : parmi eux, Sainte Beuve, le cardinal de Retz, Pouchkine, Wellington, Clemenceau, Jaurès ou Bismarck. Et, plus près de nous, Gaston Defferre, maître Floriot ou le marquis de Cuevas.
On compte encore un millier de duels dans le monde, chaque année. Et il est à nouveau à l'honneur dans certaines universités allemandes.