" J'avais tout, comme diraient certains. Mariée, deux enfants, un travail, une maison et son crédit, une voiture familiale neuve, un beau jardin dans un quartier résidentiel où toutes les maisons sont identiques. Tout était programmé, prévu, millimétré. À force de jouer les contorsionnistes pour rentrer dans un moule qui n'était pas modelé pour moi, j'avais mis de côté celle que j'étais vraiment. "
Jusqu'à quel point être mère célibataire est-il synonyme de sacrifice ?
En 2016, les femmes représentaient 85 % des familles monoparentales. Julie, 39 ans, juriste et cadre, témoigne de son quotidien, fait de constante précarité. Le moindre faux pas, la plus anodine des décisions, le plus petit des grains de sable peuvent à tout moment enrayer la machine. Comme la plupart des 2 millions de parents solos, elle compte les centimes, priorise les dépenses et s'organise comme elle peut. Quant au marché de l'emploi, elle a tiré un trait sur les offres qui la faisaient rêver, mais qui nécessitent " des horaires flexibles ", voire " des déplacements dans toute la France ". Comment, en effet, jongler entre le travail, les transports, l'école et le périscolaire ? Que reste-t-il alors ? Des mi-temps, de la pauvreté, des jobs alimentaires épuisants, mais aussi des employeurs malhonnêtes qui jouent sur votre situation.
Et si, au lieu de demander aux mères célibataires de trouver leur place dans une société modelée par et pour les couples, on repensait l'organisation et le fonctionnement de notre système fondamentalement patriarcal ?
Et si la monoparentalité n'était pas un fardeau, mais au contraire l'occasion d'ouvrir la réflexion sur le changement que nous souhaitons voir à l'œuvre ?