La crise du Covid-19 a révélé un nouveau totalitarisme " soft " fondé sur une idéologie du " safe ". Dans cet essai incisif, Mathieu Slama analyse les faits et les mots qui ont fait croître l'acceptation de la servitude chez un peuple pourtant réputé rebelle depuis la Révolution.
Avec l'assentiment d'une majorité de Français, une société de l'ordre et de la surveillance s'est installée ; la démocratie est devenue management, le politique s'est effacé devant la sicence et les citoyens libres se sont transformés en population docile à discipliner.
Une éclipse de la liberté préparée de longue date par des renoncements successifs, rendant inéluctable l'avènement, comme l'écrivait en 1977 Gilles Deleuze, de "ce néofascisme, qui est une entente mondiale pour la sécurité, avec organisation concertée de toutes les petites peurs, de toutes les petites angoisses qui font de nous autant de microfascistes, chargés d'étouffer chaque chose, chaque visage, chaque parole un peu forte, dans sa rue, son quartier, sa salle de cinéma".