Tous les citoyens sont désormais susceptibles d'être victimes de ce nouvel acharnement, de cette forme de lynchage dénommé par l'anglicisme de cancel culture.
Tous les citoyens sont désormais susceptibles d'être victimes de ce nouvel acharnement, de cette forme de lynchage dénommé par l'anglicisme de cancel culture. Né sur les campus américains, ce phénomène s'est d'abord manifesté dans la culture où des créations ont été interdites au motif que leurs auteurs auraient eu un comportement répréhensible, et s'est ensuite étendu à toutes les facettes de la société.
La plupart du temps, la cause est juste, puisqu'il est question de lutter contre les inégalités et en faveur d'une plus grande diversité. Mais les nombreux exemples récents, du plus absurde au plus tragique, montrent que les moyens utilisés sont souvent hors de proportion, irrationnels et contraires à l'État de droit dont le principe de présomption d'innocence est un pilier.
Ne pas juger d'un bloc, voilà un exercice dont nos contemporains ne sont plus familiers. Et c'est normal : dès l'instant où l'on abandonne le critère politique ou juridique, qui consiste à juger quelqu'un sur ses actes, pour y substituer le critère moral, qui consiste à juger quelqu'un pour ce qu'il est, toute tentative de faire la part des choses est vaine.
Avocat, Emmanuel Pierrat se situe à un poste d'observation stratégique ; il explore tous les aspects de cette nouvelle méthode de protestation depuis le contexte qui rend son emploi légitime et nécessaire jusqu'aux pistes qui permettraient de s'en affranchir, sans pour autant priver les victimes ni de leur légitimité ni de leur droit à être entendues.