Le Rock et le SpleenJe pense à comment on fait l'amour, à comment on tombe amoureux de quelqu'un qui tombe aussi amoureux de vous. Encore une chose lointaine et floue. Je ne peux pas croire que cette chose va arriver un jour, que j'aurai un corps dans le mien, bien emboîté et qui bouge. Je ne peux pas croire que cette chose sera réelle, plus réelle que la pochette de Blondie et la bouche de Debbie Harry entrouverte sur un micro. Je ne pense qu'à ça, à comment ce sera quand je serai grande, libre, et débarrassée de mon petit corps pénible.
Dans les années 1980, Valentine n'est pas encore Jil Caplan. Elle grandit sur les pentes de Ménilmontant, au sein d'une famille modeste, à la culture libertaire.
C'est sa jeunesse que raconte Valentine. Premier amour, première chambre de bonne, premier enregistrement. Elle raconte aussi la soif d'indépendance qui la prend dès l'adolescence, les chocs esthétiques qui construisent sa personnalité, la révélation du punk, la vie qui advient dans le désir fulgurant. Et le spleen qui n'est jamais loin.
Ce récit d'apprentissage, c'est aussi vingt trois albums - David Bowie, Siouxsie, Marvin Gaye, The Beach Boys, Jean Ferrat... - qui ont signé son entrée dans la vie et la nôtre.