L'Égypte, pays millénaire qui depuis la nuit des temps suscite l'imaginaire et le fantasme. Le Caire représente dignement cette image, la cité aux mille minarets nous invite au rêve face aux pyramides et offre de nombreux mystères, et en particulier celui de la danse du ventre. Les Égyptiens affirment que cette tradition, appelée le raqs sharki, remonte aux pharaons, d'autres prétendent qu'un peuple venu du nord de l'Inde amena cette danse exclusivement féminine il y a dix siècles. Quelle que soit son origine, le raqs sharki marque un rapport au divin – on le pratique pieds nus pour capter les énergies de la terre. Dans le folklore, il suggère les douleurs de l'enfantement et garantit la fertilité. Mais depuis la montée des religieux, cette coutume est sans cesse remise en question.
Dina est la plus réputée des gardiennes de cette tradition. Acclamée et sollicitée à travers le monde, elle attire également la colère des rigoristes qui demandent l'interdiction de son art. Cela n'empêche pas Dina de danser et de s'opposer aux valeurs du gouvernement même si exercer son métier l'expose aux plus vives critiques – la police en est d'ailleurs venue à exiger des licences. Elle va jusqu'à pousser le trait en s'exhibant dans des tenues de plus en plus provocatrices : " Pour tout cela, je sais que je suis encore un rempart ; je sais l'importance de mon combat dans celui des femmes pour leur liberté. "
Dina nous entraîne dans les nuits du Caire, au rythme de ses déhanchements, aux sons des percussions, elle nous livre sa passion pour son art, le combat qu'il représente et ses craintes pour l'avenir de son pays de plus en plus rigide.