En dépit des prouesses de la technologie, les rêves de progrès se brisent face à ce constat effrayant : le chaos règne en de nombreux points du globe, la haine raciale et nationaliste sévit et donne libre cours aux pires barbaries, le doute s'installe dans les esprits quant à l'avenir «radieux» promis à l'humanité. Dans L'Esprit et la pensée, Krishnamurti évoque deux voies possibles pour renverser la situation. La première, la plus classique, consiste à vouloir changer les structures sociales, politiques et économiques. Pour l'auteur, cette voie est vouée à l'échec, car c'est la pensée qui l'inspire. La seconde, plus inattendue, passe par une mutation intérieure qui, elle, procéderait de l'esprit. Mais comment faire la distinction entre esprit et pensée, et en quoi sont-ils liés ?
Plutôt que de livrer d'emblée les réponses, Krishnamurti invite le lecteur à observer pas à pas le panorama réel de nos processus mentaux, à voir les succès et les impasses sur lesquels ils débouchent. Il nous fait ainsi découvrir cette deuxième voie, celle où le changement ne se fonde plus sur une action volontariste et collective, mais mise sur une mutation radicale, individuelle, intime, inédite.
Jiddu Krishnamurti (1895-1986) est un penseur très à part dans l'histoire des mouvements spirituels. Tout en dispensant son enseignement au cours de multiples conférences et à travers de nombreux ouvrages, il a toujours obstinément refusé toute position d'autorité, laissant à chaque individu la liberté entière d'interpréter son message. «Il est unique», disait de lui Henry Miller, tandis que George Bernard Shaw le proclamait un «maître spirituel d'exception».