Face au mystère de la vie et de la mort, face à l’angoisse existentielle, l’homme choisit généralement son camp : ou bien il écarte toute notion de Dieu, considérant la vie comme une mécanique régie par les lois naturelles communes à toutes les espèces vivantes, ou bien il se tourne vers la foi et une tradition religieuse. Il arrive que ces deux attitudes alternent au gré des aléas de la vie. Dans A propos de Dieu, Krishnamurti analyse très finement les racines de la croyance, expose les déviances des traditions religieuses, démontre la vanité de toute quête d’une connaissance de «l’inconnaissable». Sans se résigner pour autant ni au matérialisme desséchant ni au désespoir, il ouvre une troisième voie, originale, rigoureuse sans être austère : il existe, dit-il, un autre type d’«esprit religieux», qui n’est asservi à aucune tradition, à aucun gourou ; il faut cesser de passer par l’intellect ou la foi aveugle pour être enfin «radicalement libre» de faire l’expérience de la réalité, de la vérité, de la félicité suprêmes. L’esprit religieux tel que le conçoit Krishnamurti est la perception directe du sacré sans adhésion à aucun dogme religieux.