La présence en France des voyageurs et immigrants venus de la brumeuse, insolite et « perfide » Albion n'a cessé de croître depuis le XVIIIe siècle en dépit des tensions et ruptures qui ont accidenté l'histoire commune des deux nations.
De la mode du séjour au-delà du Channel qui touche les milieux aristocratiques du XVIIIe siècle, au tourisme de masse du XXe siècle, de William Pitt à Margaret Thatcher, les Britanniques se sont fait « une certaine idée de la France ». Elle oscille entre curiosité et inquiétude, sympathie et critique. Ces imprévisibles « mangeurs de grenouilles », qui sont coquets sans être propres, peuvent être aussi charmants que grossiers, faire la révolution un jour pour tomber dans le plus profond conservatisme le lendemain... Voyageurs et résidents (savants, écrivains, hommes politiques ou simples visiteurs) ont laissé des mémoires, souvenirs et récits de voyages qui sont autant de reflets de ce « miroir » d'outre-Manche. Trois siècles de témoignages sur ce qui a pu rapprocher ou opposer Anglais et Français. Aujourd'hui, voyons-nous le bout d'un long tunnel gallophobe ?
Paul Gerbod, professeur à l'université de Paris-Nord, a publié plusieurs ouvrages sur l'histoire de l'éducation et de la culture.