« J'ai voulu que, le rideau levé, la scène fût devant le public comme ce miroir de contes de Mme Leprince de Beaumont, où le vicieux se voit avec des cornes de taureau et un corps de dragon selon l'exagération de ses vices; et il n'est pas étonnant que le public ait été stupéfait à la vue de son double ignoble, qui ne lui avait pas encore été entièrement présenté; fait, comme l'a dit excellemment M. Catulle Mendès, " de l'éternelle imbécillité humaine, de l'éternelle luxure, de l'éternelle goinfrerie, de la bassesse de l'instinct érigée en tyrannie ; des pudeurs, des vertus, du patriotisme et de l'idéal des gens qui ont bien dîné ". Vraiment, il n'y a pas de quoi attendre une pièce drôle, et les masques expliquent que le comique doit en être tout au plus le comique macabre d'un clown anglais ou d'une danse des morts. »
Alfred Jarry n'a pas inventé le Père Ubu. Il n'a fait que le découvrir.
Le Père Ubu est de toutes les époques. Tantôt il nomme consul son cheval, tantôt il donne la victoire à l'ennemi en faisant combattre ses soldats contre eux-mêmes, tantôt il fait badigeonner en rouge, couleur des condamnés à mort, une montagne qui l'offense...
On ne sait jamais avec cet homme si on est à Guignol ou aux drames de Shakespeare».