« Mon père et ma mère ne veulent pas que je vienne ici. Ils disent que c’est la bohème ici… ils ont peur que je devienne actrice… Mais je suis attirée par ce lac comme une mouette… Mon cœur est plein de vous. » Nina deviendra bien actrice, mais elle s’éloignera de l’écrivain Treplev qui un jour a symboliquement déposé à ses pieds une mouette qu’il venait de tuer : « C’est comme ça bientôt que je me tuerai moi-même. »
Mais dans ces quatre tableaux que sont les actes de la pièce créée en 1896, l’intrigue importe moins que la constellation de personnages divers attirés par le lac enchanteur, moins aussi que les paroles banales, et cependant saturées de sens, qu’ils s’adressent à eux-mêmes aussi bien qu’aux autres et qui disent la difficulté de communiquer. Des êtres insignifiants ? Extérieurement, remarquait avec raison Georges Pitoëff, car « le feu intérieur les dévore. Ils sont frères et sœurs des personnages de Dostoïevski ».
Edition de Patrice Pavis.
Traduction d’Antoine Vitez.