« Un amant qui se désole, un maître peu rusé, un moine mal morigéné, un parasite, enfant gâté de la malice, voilà pour aujourd'hui votre passe-temps » : c'est ainsi que Machiavel décrit les protagonistes de La Mandragore dans le prologue. Car la pièce est l'histoire d'une tromperie jouée à un maître florentin qui se croit très malin et qui, sans s'en rendre compte, se laisse entraîner dans une histoire extravagante afin que sa femme tombe enceinte… Le rythme de la pièce est parfait, l'orchestration des dialogues et de l'action gérée avec une maestria digne d'un grand metteur en scène.
Dans cette comédie, qui fut représentée pour la première fois en 1520, Machiavel démontre de façon éblouissante qu'il a su s'approprier la tradition comique des auteurs latins, tels Plaute et Térence, et la réinventer en lui imprimant un nouveau souffle. Même si le regard désenchanté et lucide de l'homme politique, celui qui, notamment dans Le Prince, analysait les hommes sans complaisance, n'est pas absent.