Ce livre est le quatrième et dernier d'un archipel dont la géographie est elle-même une histoire. Il y eut d'abord La Nuit sans Stella (Actes Sud, 1995), avec un bref essai, des photographies, un supposé fait-divers, une nouvelle dont la fin restait ouverte. Puis ce fut la première apparition, discrète, éphémère, d'un minuscule îlot, L'Ascenseur (éditions des Brigittines, un centre d'art à Bruxelles, 2002) : une note introductive, une courte nouvelle, un entretien. Était évoquée là une suite possible, sous la forme d'un roman assez ample, et il y eut en effet Immersion (Gallimard, 2005). L'année dernière, L'Ascenseur, îlot vite englouti, est remonté à la surface, avec une étendue plus vaste et des contours nouveaux (le cherche midi, 2007). Voici donc (chez le même éditeur) la suite et fin, ou plus exactement une ramification, du roman Immersion, puisqu'il s'agit du travail de corrections du Marchand de Venise, de Shakespeare, auquel s'est livré un de ses personnages, Avigdor Sforno. Ici, l'auteur passe à l'acte, en somme, puisque, retrouvant en David Fischer son double ou son intermédiaire, il se met en devoir d'accomplir le projet d'une autre figure de la fiction : par chance, il ne s'agit pas d'un Raskolnikov, et le crime reste mineur. Parfois, pour écrire, il faut inventer par l'écriture l'auteur que l'on n'est pas.