À la fin de sa vie, Gustave Flaubert (1821-1880) s'essaye au théâtre. La pièce ne connaît, à son époque, aucun succès. Il faut dire que l'" ours de Croisset " ne fait de cadeau à personne, comme il l'avoue lui-même : " Les conservateurs ont été fâchés de ce que je n'attaquais
pas les républicains. De même, les communards eussent souhaité quelques injures aux légitimistes. " Mais l'intérêt de cette comédie politique reste considérable.
Roussillon, un bourgeois de province, veut devenir député ; il flatte le peuple, essaie de manipuler ses adversaires politiques, se fait manipuler par sa femme... Ce tableau cynique d'une société incapable de porter un projet collectif, qui reflète la désillusion politique de Flaubert, pourrait être désolant ; la pièce est au contraire désopilante et son texte jouissif.