Quant aux femmes de ces histoires, pourquoi ne seraient-elles pas les Diaboliques ? N'ont-elles pas assez de diabolisme en leur personne pour mériter ce doux nom ? Diaboliques ! il n'y en a pas une seule ici qui ne le soit à quelque degré. Comme le Diable, qui était un ange aussi, mais qui a culbuté, la tête en bas, le... reste en haut ! Pas une ici qui ne soit pure, vertueuse, innocente. Monstres même à part, elles présentent un effectif de bons sentiments et de moralité bien peu considérable. Elles pourraient donc s'appeler aussi « les Diaboliques », sans l'avoir volé... On a voulu faire un petit musée de ces dames. L'art a deux lobes, comme le cerveau. La nature ressemble à ces femmes qui ont un oeil bleu et un oeil noir. Voici l'oeil noir dessiné à l'encre - à l'encre de la petite vertu.
Barbey d'Aurevilly.
Plus qu'il ne se livre, Barbey se trahit. Toute son oeuvre romancière exhale l'odor di femmina ; on y découvre, foncièrement, l'obsession de la femme au point de croire qu'il s'en délivrait par le style.
Jean de La Varende, Les Grands Normands.
Introduction et notes de Pierre Glaudes.