« Quelle heure est-il ? » : est-ce là une manière de parler pour un roi ? Et au lieu qu’on lui réponde dignement : « Du haut de ma demeure, Seigneur, l’horloge enfin sonne la douzième », voilà qu’il s’entend dire tout bêtement : « Minuit »…
Il n’en fallait pas plus pour que la bataille s’engageât. Passion racinienne, honneur cornélien, rien ne manquait à Hernani, fors le respect du majestueux alexandrin. Epluchures, balayures, ordures, injures se mirent à voler dans le sacro-saint Théâtre-Français, lancées par les tenants du classicisme sur la horde barbue et chevelue des romantiques. Un trognon de chou alla même atterrir sur la tête de M. de Balzac. Et soir après soir la bataille recommença, s’étendit jusqu’à la province où, à Toulouse, un jeune homme mourut en duel pour avoir pris la défense de Victor Hugo.
Mort qui donne tout son poids de vérité à l’illusion théâtrale.
Préface d’Antoine Vitez.
Commentaires et notes d’Anne Ubersfeld.