Ce livre est un livre de charité, c’est-à-dire un livre fait pour exciter, pour provoquer l’esprit de charité, c’est un livre d’une nature terrible et navrante, disant à la conscience du lecteur : « Eh bien ? Qu’en pensez-vous ? Que concluez-vous ? »
Les Misérables sont un étourdissant rappel à l’ordre d’une société trop amoureuse d’elle-même et trop peu soucieuse de l’immortelle loi de fraternité, un plaidoyer pour les Misérables (ceux qui souffrent de la misère et que la misère déshonore), proféré par la bouche la plus éloquente de ce temps.
Le nouveau livre de Victor Hugo doit être le Bienvenu (comme l’évêque dont il raconte la victorieuse charité), le livre à applaudir, le livre à remercier. N’est-il pas utile que de temps à autre le poète, le philosophe prennent un peu le Bonheur égoïste aux cheveux, et lui disent, en lui secouant le muße dans le sang et l’ordure : « Vois ton œuvre et bois ton œuvre » ?
Charles Baudelaire.
Présentation et notes de Guy Rosa.
Commentaires de Nicole Savy.