Écrivain américain le plus célèbre de son temps et auteur, avec La Lettre écarlate, d’un des premiers grands romans américains, Nathaniel Hawthorne (1804-1864) n’avait encore jamais vu son autre chef-d’oeuvre, Les Mousses d’un vieux presbytère, intégralement traduit en français. C’est désormais chose faite. Ce recueil regroupe vingt-six nouvelles, marquées par le puritanisme de la Nouvelle-Angleterre et le poids de la faute du péché (« La Marque de Naissance »), mais aussi par le goût du fantastique (« Plumette »), celui des fables millénaristes (« La Procession de la Vie »), ou le souvenir des procès des sorcières de Salem (« Le Jeune Maître Brown »), tandis que d’autres (« Mme Crapaudbuffle ») possèdent une dimension comique, voire grotesque, qui rivalise avec certains contes d’Edgar Poe.
On y trouve aussi une vibrante célébration de la nature (« Bourgeons et Chants d’Oiseaux »), ainsi que des gens de peu et des « effacés » – « Le Vieux Marchand de Pommes », courte nouvelle à propos de laquelle Herman Melville, dans l’éloge qu’il publia des Mousses d’un vieux presbytère, et que nous proposons à la suite de cet ensemble, écrit que Hawthorne est sans doute le seul de sa génération à savoir faire preuve « d’une si profonde tendresse » et d’un « amour si omniprésent ».
Dans ces nouvelles, Nathaniel Hawthorne conjugue, avec acuité et virtuosité, ce mélange de réalisme et de fantastique, de pragmatisme et de religiosité qui forge l’identité américaine. Pour Paul Auster, « Hawthorne a compris la noirceur des êtres, une forme particulière de noirceur américaine », qui continue d’exercer une véritable fascination sur le lecteur.