« Quand tu te marieras, reprit le comte […], n’ accomplis pas légèrement cet acte, le plus important de tous ceux auxquels nous oblige la société. Souviens-toi d’étudier longtemps le caractère de la femme avec laquelle tu dois t’associer […]. Le défaut d’union entre deux époux, par quelque cause qu’il soit produit, amène d’effroyables malheurs […]. » Dans cette mise en garde adressée à son fils, c’est toute son histoire que résume le comte de Granville. L’adultère ne saurait être la solution à un mariage raté, nous dit Une double famille, une des premières Scènes de la vie privée, mais pour notre plus grand plaisir de lecture, on ne court pas tout droit à cette conclusion. La construction savante du roman, en brouillant les images de l’épouse et de la maîtresse, oblige à réfléchir sur le message délivré : Balzac pose d’emblée la question du mariage dans toute sa complexité.