Voici la révélation d'une oeuvre inconnue d'Émile Zola : ses Carnets d'enquêtes.
Pour préparer chacun de ses romans, Zola a accumulé les repérages et les reportages sur le terrain, passant des quais de la Seine aux Halles, de la rue de la Goutte-d'Or à Passy, des grands magasins aux corons, des terres de Beauce à la gare du Havre et au champ de bataille de Sedan. Ces extraits sont regroupés, par Henri Mitterrand, selon un ordre thématique. Deux mondes : les "honnêtes gens" et le peuple...
Douze chapitres douze sociétés différentes, complémentaires et souvent antagonistes - les beaux quartiers, le monde des arts, la "haute cocotterie," les Halles, le Paris populaire, la mine... Partout Zola accorde la vision du peintre et celle du sociologue, attentif à toutes les contraintes et à tous les rituels qui règlent la vie quotidienne d'un peuple.
L'ensemble de ces "choses vues" forme une oeuvre en soi. Prise de vues tout à fait exceptionnelle, par son ampleur, sa cohérence et sa vigueur, sur la société française de la fin du XIXe siècle - c'est-à-dire sur les racines de notre époque -, les Carnets constituent une remarquable contribution à l'anthropologie culturelle de la France. Rien de comparable, ni dans la littérature romanesque, ni dans la tradition ethnographique.
Ce livre est la clé des Rougon-Macquart et de notre mémoire collective.