Les trois Mousquetaires, Vingt Ans après,
Le Vicomte de Bragelonne sont beaucoup plus que des romans : ils constituent notre seule épopée, suite d'actions héroïques étonnantes qui blasonnent ce que l'on pourrait appeler la " mythologie française " dans laquelle chacun de nous peut se reconnaître, trahi quelques fois, mais traduit pourtant.
Athos, Porthos, Aramis et d'Artagnan, s'ils n'ont réussi, à eux quatre, qu'à mettre au monde un enfant romanesque trop faible et trop sentimental, sont cependant les véritables pères de la France. Nous sommes tous de leur engeance. Aussi l'édition de la suite des Mousquetaires que nous avons conçue ressortit-elle du devoir filial : ce n'est pas une 1002e édition, c'est un essai obstiné de restituer la fraîcheur des textes : la relecture des manuscrits a permis de rétablir tel chapitre oublié, tel passage amoral censuré ; la correspondance, les articles de journaux de l'époque éclairent la genèse de l'œuvre ; enfin, une annotation essentielle qui s'appuie sur des dictionnaires critiques recensant personnages et personnes cités en facilite la parfaite compréhension.
Dumas, à l'extrême fin de sa vie, s'inquiétait de la postérité de son œuvre : " Crois-tu qu'il restera quelque chose de moi ? " demandait-il à son fils. " Tu peux être tranquille, il restera beaucoup de toi ", lui répondait celui-ci. Cent vingt ans plus tard, nous faisons la même réponse, nous, les autres fils d'Alexandre Dumas.
Claude Schopp