La vieillesse des génies est le plus souvent l'âge des suprêmes audaces. Ce recueil rassemble le meilleur de l'oeuvre de Charles Dickens (1812-1870) dans les dernières années de sa carrière. On y trouvera d'abord le roman qui est sans doute le chef-d'oeuvre de Dickens, Les Grandes Espérances (1860) : c'est à nouveau un " roman d'apprentissage ", comme David Copperfield, mais qu'un esprit visionnaire transfigure en Illusions perdues de l'enfance et de l'adolescence, aux limites du fantastique, tempéré seulement par le " comique dickensien ". À la maturité spirituelle du poète correspond la maturité technique du romancier qui se joue avec une admirable virtuosité de la formule de la " confession ".
Peu d'oeuvres, mais toutes remarquables, jalonnent les dix années que Dickens a encore à vivre après la publication des Grandes Espérances. À l'exception d'un long roman, Notre ami commun, elles sont toutes rassemblées ici. Et d'abord son dernier roman : Le Mystère d'Edwin Drood, roman psychologique et policier tout à la fois, coloré aux fumées de l'opium et de la sensualité, rendu doublement mystérieux par son inachèvement même dû à la mort subite de l'auteur.
Enfin viennent trois " récits pour Noël " (de 1865, 1866 et 1867) et une dernière nouvelle datant de 1868. Quatre récits dans lesquels le nouveau Dickens, de plus en plus attiré par les zones d'ombre du monde et des âmes, ajoute une tonalité insolite au conteur plein de verve et d'humour. Celui-ci l'emporte encore dans Voie sans issue et dans Les Ordonnances du Docteur Marigold. Autrement plus inattendus sont L'Embranchement de Mugby et Georges Silverman s'explique, étrange plongée dans une âme fangeuse, sans équivalent dans le reste de l'oeuvre dickensienne.