« Un lit de malade, six pieds de long : voilà le monde qui est le mien. […] Douleurs, tourments, hurlements, analgésiques : chercher timidement un sentier de vie sur le chemin de la mort, et désirer avec avidité une faible paix, quelle dérision ! et pourtant, dès lors que l'on demeure en vie, il y a des choses que l’on tient absolument à dire. »
Pendant l’été 1902, tourmenté par une tuberculose osseuse, Shiki publie chaque jour quelques lignes dans un grand quotidien. Loin de tout lamento, imprévues, souvent joyeuses, parfois déchirantes, ces notes au fil du pinceau sourdent directement du corps et de ses humeurs. Fenêtre ouverte sur le monde, la nature, la vie quotidienne, le passé, les arts, les gens, elles présentent un Japon vivant, à mille lieues de tout cliché.
Masaoka Shiki (1867-1902) est célèbre pour avoir donné une vie nouvelle à un genre moribond, le haiku, mais il s’est également attaqué à la réforme de l’autre genre poétique majeur, le waka, ainsi qu’à la mutation de la prose moderne. Il était le meilleur ami de Sôseki.
Le traducteur, Emmanuel Lozerand, est professeur de langue et littérature japonaises à l’Inalco.
Le préfacier, Philippe Forest, romancier, a consacré de nombreux essais à la littérature japonaise (La Beauté du contresens, 2005).