Si ce que disent ces physiciens est vrai, à savoir que le membre auquel la bête brute, l'oiseau ou le poisson donne plus d'exercice est meilleur au goût et plus sain pour l'estomac, nul morceau ne doit être plus goûteux ni plus exquis que sa langue à elle, qui parle sans jamais s'arrêter, sans jamais faiblir, sans jamais cesser : et blablabla et blablabla et blablabla, du matin jusqu'au soir ; et même la nuit, te dis-je, dans son sommeil, elle ne s'arrête pas. Et celui qui ne la connaîtrait pas, à l'entendre discourir de son honnêteté, de sa dévotion, de sa sainteté et des membres de sa lignée, la prendrait certainement pour une sainte, et pour une descendante de rois ; et inversement, pour celui qui la connaît, l'entendre deux fois, et parfois une seule, donne envie de rendre l'âme.
Introduction de Guido Baldassarri, professeur de littérature italienne à l'Université de Padoue. Du roman chevaleresque et du théâtre pastoral de la Renaissance, aux essais et à la poésie des XVIIe – XVIIIe siècles, à celle de Pascoli, à l’histoire de l’enseignement littéraire, la contribution scientifique de ce spécialiste du Tasse embrasse un arc temporel étendu et un vaste champ de problématiques culturelles.
Traduction de Pauline Pionchon, italianiste française née en 1980, formée à Lyon, Grenoble et Padoue, où elle a été élève de G. Baldassarri. Agrégée d’italien, elle enseigne la littérature et la linguistique à l’Université de Strasbourg. Elle prépare actuellement une thèse de doctorat sur la nouvelle dans la culture humaniste du XVe siècle.
Texte italien établi par Giorgio Padoan. Spécialiste de philologie et de littérature italiennes, directeur de plusieurs revues scientifiques, Giorgio Padoan (1933-1999) a enseigné en Vénétie et dans plusieurs universités européennes et américaines. Ses principaux travaux portent sur Dante et Boccace, ainsi que sur la comédie des XVIe et XVIIIe siècles.