« Parmi les royaumes bien organisés et gouvernés de notre temps, il y a celui de France, où l'on trouve une infinité de bonnes institutions, dont dépendent la liberté et la sécurité du roi ; au premier rang desquelles figure le parlement avec son autorité. Parce que celui qui institua ce royaume, connaissant l'ambition des puissants et leur insolence et jugeant nécessaire qu'ils aient dans la bouche un frein pour les corriger, sachant d’autre part fondée sur la peur la haine du populaire envers les grands et voulant rassurer ces derniers, ne voulut pas que ce fût là une attribution particulière du roi, pour lui épargner les éventuels griefs des grands s’il favorisait le populaire et ceux du populaire s’il favorisait les grands ; c’est pourquoi il institua un tiers juge chargé, sans qu’on en fît grief au roi, de battre les grands et favoriser les petits ; institution, celle-ci, qui ne pouvait être ni meilleure ni plus prudente, ni une plus grande source de sécurité pour le roi et le royaume. D’où l’on peut tirer un autre enseignement digne d’être noté, à savoir que les princes doivent faire en sorte que soient administrées par d’autres les choses qui sont matière à griefs, et par eux-mêmes celles qui sont matière à gratitude. Et je conclus une nouvelle fois qu’un prince doit faire cas des grands, mais ne pas se faire haïr du peuple. »
(Le Prince, chap. XIX.)
Mario Martelli, récemment décédé, a été un des tout premiers spécialistes de la civilisation et de la culture florentines entre Humanisme et Renaissance. L’établissement du texte critique du Prince pour l’Édition Nationale des Œuvres de Machiavel - dont il avait été un des principaux promoteurs – a été pour lui l’ultime couronnement d’une carrière féconde, jalonnées entre autres de plus d’une quarantaine d’ouvrages et articles qui avait fait de leur auteur un des plus insignes « machiavélistes » de son temps.
Paul Larivaille professeur émérite à l’Université de Paris X- Nanterre, auteur depuis une trentaine d’années d’un ouvrage (1982) et d’une dizaine d’articles et essais sur Machiavel, est membre de la Commission scientifique chargée de l’Edizione Nazionale delle Opere di Niccolò Machiavelli.
Jean-Jacques Marchand, professeur honoraire de littérature italienne de la Renaissance à l’Université de Lausanne, est auteur d’une cinquantaine d’études sur Machiavel. Membre lui aussi de la Commission scientifique en charge de l’édition nationale italienne des œuvres de Machiavel, il a, à ce titre déjà procuré trois volumes consacrés, l’un aux œuvres politiques mineures, les deux autres aux écrits diplomatiques et administratifs.
Simona Mercuri est chargée de recherches à l’Université de Calabre (Cosenza).