La gloire de Pardaillan a souvent effacé celle de son créateur, Michel Zévaco. Auteur célèbre de romans populaires des années 1900, cet autonomiste corse, tour à tour professeur, officier, journaliste et militant politique, fit une entrée fracassante sur la scène parisienne en provoquant en duel Constans, le ministre de l'Intérieur de l'époque. Zévaco expia cette audace, mais ni les procès ni la prison ne l'empêchèrent de récidiver dans la contestation révolutionnaire, les luttes syndicales, les combats féministes, la dénonciation de l' " Inquisition " des jésuites et, bien sûr, le mouvement dreyfusard aux côtés de Bernard Lazare et de Jean Jaurès.
De procès en emprisonnements, d'arrestations en condamnations, pendant dix ans, Zévaco, Lancelot des causes perdues, sans compromission ni concession, ne souilla jamais son armure de cette " tache de sang intellectuel " si chère aux surréalistes pour stigmatiser leurs ennemis. Toujours accroché à son idéal, mais isolé et lassé d'un milieu dont il constatait la dégradation, il troqua un jour la scène politique pour la cape et l'épée, mais le combat de Pardaillan ne changea pas d'âme en retrouvant la cour des Valois et les jours sanglants de la Saint-Barthélemy.
Aline Demars